Politique : pourquoi Nicolas Sarkozy ne gagnera pas en 2017
Par François Vidale
« Si je perds, j’arrête tout ». C’est en substance ce que Nicolas Sarkozy promettait aux français s’il venait à perdre au soir du second tour de l’élection présidentielle, en mai 2012. Depuis, ça le démange. Il trépigne. Tout porte à penser qu’un jour ou l’autre, il entrera à nouveau dans l’arène. Ténors de l’UMP, patrons, syndicats : il ne cesse de recevoir les acteurs du monde politique dans ses bureaux, 77 rue de Miromesnil.
Malgré l’absence, l’omniprésence

Nicolas Sarkozy lors de son discours de défaite, le 6 mai 2012 à la Mutualité, Paris.
Pour autant, malgré tous les efforts qu’il consent depuis deux ans, Nicolas Sarkozy a t-il disparu du paysage médiatique ? Pas le moins du monde. Il n’est pas rare de voir une personnalité qu’il vient de recevoir distiller son petit commentaire sur l’état de forme et d’esprit de l’ancien locataire de l’Elysée.
Il y a également tous ces petits clins d’œil, que les médias ont très justement appelés « stratégie de la carte postale ». Et c’est un trait majeur de la personnalité de l’ex-président. Quand il ne fait pas de conférence, Nicolas Sarkozy remet des Légions d’honneur, proclame un discours de politique générale au siège de l’UMP, soutient publiquement Nathalie Kosciusko-Morizet lors des Municipales à Paris, ou encore assiste à la plupart des concerts de Carla Bruni-Sarkozy, qui a repris le chemin de la scène depuis 2013.
Accumulés, ces détails pourraient lasser un électorat qui, en 2012, avait banni non pas sa capacité à diriger le pays, mais ses défauts qui en insupportent plus d’un(e).
Des affaires qui n’en finissent plus
Avec Sarkozy, quand y’en a plus, y’en a encore. Bettencourt, c’est fini. Karachi, c’est presque fini (statut de simple témoin assisté). Restent :
- Le financement présumé occulte de sa campagne par la Libye, en 2007
- Les multiples sondages commandés par l’Elysée au cabinet de Patrick Buisson, l’un de ses proches conseillers entre 2007 et 2012
- Les conditions de l’arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais
- Les écoutes téléphoniques plutôt probantes réalisées par les juges dans le cadre des affaires citées ci-dessus
Pour être exact, l’ancien président a effectué une troisième intervention publique. Dans les colonnes du Figaro, sa tribune intitulée Ce que je veux dire aux Français traduit tout de même une certaine inquiétude de la part de celui qui ne s’est jamais plaint de l’Institution Judiciaire. Est-il victime d’un acharnement à la limite du cadre légal ? Probablement. Mais n’est-ce pas le lot de tout ancien homme politique de haut-rang ? En tous cas, il fallait s’y attendre.
Malheureusement pour l’ex-leader de l’UMP, aucune de ces affaires ne semble évoluer positivement. Une condamnation compromettrait fortement sa participation à la prochaine élection présidentielle.
À l’UMP, ça se bouscule au portillon

Jean-François Copé, Alain Juppé et François Fillon, le 3 mai 2012, à Bordeaux.
Ils sont déjà nombreux, les prétendants à la course pour 2017 !
Il y a d’abord les vieux de la vieille. Ceux que l’on appelle les ténors, qui sont là depuis Mathusalem et qui comptent bien tenter une dernière fois leur chance avant, peut-être, de raccrocher. Il s’agit bien entendu de François Fillon et d’Alain Juppé.
Le premier a affiché ses ambitions très rapidement après l’échec de 2012. Stratégie payante ? Je ne pense pas. Après un échec, le temps de la reconstruction est précieux. Cette ambition personnelle, aussi louable soit-elle, est une forme de mépris envers les électeurs.
Le second ne s’est pas encore exprimé clairement sur le sujet, mais l’on sent bien que la prise de recul médiatique depuis quelque temps n’est pas anodine. Déjà médiateur improvisé entre Jean-François Copé et François Fillon lors de la crise interne de l’UMP en novembre 2012, sa position est claire : il se pose en homme d’expérience et de sagesse. Celui que Chirac appelait « le meilleur d’entre nous » a sa chance en 2017.
Puis il y a les challengers : Laurent Wauquiez, Bruno Le Maire et Xavier Bertrand, qui se sont tour à tour lancés publiquement dans la course à l’Elysée. Pour eux, il faudra sûrement attendre l’échéance de 2022.
Quant à Jean-François Copé, inutile de s’y attarder : le putsch médiatique réalisé avant même la fin du décompte des voix lors des élections internes à l’UMP ne lui sera pardonné ni par ses sympathisants, ni par le peuple français.
Quoiqu’il advienne, tous sont attachés à une primaire organisée en marge de l’élection présidentielle. Sarkozy, s’il revenait, devrait s’y confronter.
Pour toutes ces raisons, je ne vois pas Nicolas Sarkozy élu Président de la République en 2017. Et vous, qu’en pensez-vous ?
Bonjour François !
Les éléments que tu évoques dans cet article très bien rédigé par ailleurs tiennent la route et sont crédibles. Nicolas Sarkozy s’était engagé à se retirer de la vie politique, promesse qui ne sera probablement pas tenue. Mais l’actualité ne nous démontre-t-elle pas que nos hommes politiques ont cette fâcheuse tendance à omettre de satisfaire les attentes des français, attentes reposant sur des engagements qui se révèlent être irréalisables ? Moi président….! Moi rien du tout…une mascarade !
De multiples échecs et un remaniement plus tard, les français semblent consternés, déçus.
Alors, Nicolas Sarkozy sera pardonné s’il ne tient pas cet engagement, proposé sur un coup de tête peu astucieux, dernier coup de Poker d’une campagne qui était déjà presque perdue à l’époque.
Par la suite, Jean François Copé étant hors course à la suite de sa manœuvre peu délicate, qui pourrait menacer l’ancien président ?
Le nom du maire historique de Bordeaux semble être unanimement évoqué.
N’oublions pas aussi la menace des extrêmes !! Mélanchon prendra des voix au PS et le Front National est en passe de remporter un franc succès aux élections européennes.
Il faudra donc un candidat fort et réactif pour mener une campagne loin d’être évidente.
Je considère, malgré le sondages; http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0203420468996-sondage-alain-juppe-prend-l-avantage-sur-nicolas-sarkozy-a-droite-662108.php, qui ont le sait ne sont pas toujours révélateurs, encore plus à près de deux ans des élections, que Nicolas Sarkozy est avantagé face à son ancien ministre de l’environnement.
Pour moi, l’élève ne dépassera jamais le maître. Et comme le proclame un grand penseur de notre siècle » La routourne va tourner » lors des prochaines échéances électorales!
Et toi François, qu’en penses tu ?
Amicalement, Jean Philippe .
Bonjour Jean Philippe, merci pour votre message.
On le sait, et l’Histoire nous le montre, les français sont prêts à pardonner beaucoup de choses. Si Nicolas Sarkozy revenait, cela en décevrait certains, mais en réjouirait beaucoup d’autres. Et le contexte conjoncturel difficile que l’on connaît aujourd’hui fait que l’ex-président est attendu.
En soi, ce n’est pas son retour le problème. Le vrai problème, c’est s’il revient et qu’il ne change rien. Selon moi, il y a 2 clés pour que l’ex-président réussisse son come-back (outre son programme) : une communication changée, plus proche des gens, moins formelle qu’auparavant, et une équipe rajeunie autour de lui.
Nous sommes à 3 ans de la prochaine élection présidentielle, et je suis d’accord avec vous, les sondages ne valent pas grand chose à cet instant (si vous voulez mon avis, ils ne valent pas rien). Mais il est vrai, de par son expérience et son charisme, il a une certaine avance naturelle sur ses futurs potentiels « concurrents » de l’UMP. Je vous rejoins.
François